Arrêté anti-pesticide : les maires s'essayent à la désobéissance civile

Les actions de désobéissance civile gagnent-elles nos élus de proximité ? Après les gilets jaunes, le groupe Extinction rébellion et la série de décrochage des portraits du président de la république dans le mairies, le cas de Daniel Cueff, maire de Langouët, commune bretonne de 600 habitants laisse penser que cette méthode de revendication pourrait s’étendre aux maires.

En effet, le 18 mai Daniel Cueff a fait le choix de prendre un arrêté communal pour interdire l’utilisation de pesticides « à une distance inférieure à 150 mètres de toute parcelle cadastrale comprenant un bâtiment à usage d'habitation ou professionnel ». La préfecture demandé la suspension de cet arrêté en référé, au motif que la compétence de légiférer sur l’utilisation ou non de pesticides ne relève pas des maires.

Pourtant cet arrêté avait très vite reçu les faveurs de citoyens de la commune et bien au-delà. Plus récemment, Ségolène Royal a félicité Daniel Cueff : « Bravo » à un maire « courageux », « avant-gardiste », s’est exclamée Ségolène Royal au micro de BFM TV. Emmanuel Macron lui s’est montré plus modéré, en jouant habilement du traditionnel « et en même temps » lors d’une interview accordée à Konbini le week-end dernier.

Changer les choses, oui, mais sans en venir jusqu’à la désobéissance civile. Un discours qui entre en contradiction avec les propos que le président français avaient lui-même tenus le 21 juin 2019, discours dans lequel il appelait les français à se mobiliser pour l’obliger à débloquer des fonds dans le cadre de la lutte contre le Sida, flirtant dangereusement avec un encouragement à la désobéissance civile.

Les français ont-ils pris trop au pied de la lettre ces recommandations ? Les propos récents de Ségolène Royal, ancienne ministre de l’écologie et toujours active en politique, semblent pourtant encourager ce type d’initiatives à la fois promues et condamnées par Emmanuel Macron. Comment s’y retrouver dans ces doubles discours, nous avons posé la question à Christian Hubaud, conseiller départemental des Hautes-Alpes en charge de l’agriculture et de forêts, par ailleurs maire de Pelleautier.

Lundi dernier, le maire de Langouët a enjoint d’autres maires partout en France à prendre des arrêtés similaires. Quid des Hautes-Alpes, l’initiative sera-t-elle suivie ? Christian Hubaud ne se l’interdit pas.

Du côté de Monêtier-Allemont, commune des Hautes-Alpes entourée de vergers, le maire Frédéric Robert adopte la même posture, il se pliera aux demandes de ces concitoyens.

L’arrêté déposé par le maire de Langouët a été suspendu le 27 août par la justice, Daniel Cueff a déjà fait appel de cette décision.

Alors que la fonction de maire apparaît de moins en moins attrayante en France, notamment en raison du manque de pouvoir dont ils disposent, nos élus tentent-ils de reprendre les rennes ? Dans la perspective des municipales de 2020, ce sera une évolution à suivre de près.

Ils en parlent :

https://www.huffingtonpost.fr/entry/soutien-a-daniel-cueff-maire-de-de-langouet-500-personnes-a-rennes_fr_5d5e4b99e4b0dfcbd48852de  

https://www.20minutes.fr/politique/2583319-20190815-desobeissance-civile-devenue-incontournable-chez-militants  

https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/08/23/les-militants-anti-g7-multiplient-les-actions-de-desobeissance-civile_5502257_823448.html 
 
https://victimes-pesticides.fr

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